LE PARACHUTAGE DU 4 / 5 MAI 1944 A POINÇON LES LARREY
(Association des Amis du Châtillonnais - N°13 - 12/1996
)

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Bulletin N° 13 - Année 1996

Grâce à Mary Lallemant de Poinçon (Aigle Blanc), il a été possible de faire le point avec toute la rigueur et toute la précision habituelle de cet ancien chef de résistance locale sur un événement rapporté différemment dans plusieurs ouvrages sur la Résistance. Il a conservé beaucoup de notes et de documents qui permettent de rectifier les erreurs décelées au cours de mes recherches.
Après l'annonce du message codé "Les chevaux du 17 piaffent à l'écurie", les maquisards ont accueilli deux parachutistes sur le terrain situé à proximité de la ferme "Le champ du Bois" au-dessus de Poinçon dans la nuit du 3 au 4 mai 1944. Dès 22 heures tout était mis en place pour la réception de ce parachutage exceptionnel où, au deuxième passage, un radio et un agent de liaison allaient être largués avant le lâcher des containers prévus lors du troisième passage.
La consigne était connue de tous : les parachutistes devaient sortir leur arme dès leur arrivée au sol et ne la rentrer que sur le mot de passe "France". La surprise fut totale lorsque nos maquisards arrivèrent vers le premier parachutiste. Au lieu d'entendre un mâle "Halte-là ! Qui vive ?" s'entendirent-ils interpellés par une voix féminine implorante "Soyez chics, aidez-moi à enlever ma combinaison, j'ai envie de faire pipi !". La nature demandait la priorité sur la sécurité. Maurice Chouet l'aida à sortir de l'ornière où elle était tombée tandis que Georges Barret allait à la rencontre de son compagnon, dont le parachute était resté accroché aux branches d'un arbre à l'orée du bois. Il attendait, l'arme au poing, le mot de passe qui permit le regroupement sans incident. C'est ainsi que "Nicole" et Noël" furent réceptionnés et conduits chez l'oncle de Mary Lallemant, Félix Guillaume. L'homme était un sujet de Sa Majesté britannique venu au Canada et elle était de mère française et de père anglais et bénéficiait ainsi de la double nationalité ; lui était le radio et elle l'agent de liaison. Le lendemain Nicole se présenta vêtue d'un élégant tailleur blanc et armée d'un 6,35 à crosse ornée de nacre blanc, placé dans son sac à main. Elle initia les maquisards au combat rapproché avec quelques belles prises ; de son côté, Noël se livra à une démonstration de tir au pistolet des deux mains en abattant des têtes de chardon à distance.
Deux jours après ils poursuivaient le "Donkeyman circuit" qui est le circuit du réseau Jean-Marie, puisque les Anglais l'appelaient ainsi pour ne pas dire "fada". Ils devaient rejoindre le P.C. du réseau à Aillant-sur-Tholon dans l'Yonne. De fausses nouvelles parvinrent plus tard sur la mort de Nicole lors de combats auxquels elle a effectivement participé mais elle n'est morte qu'assez récemment et aurait pu revenir sur les lieux retrouver son comité d'accueil si nous n'avions pas été égarés dans nos recherches par des erreurs lues dans des ouvrages manquant de rigueur dans leur documentation.
Dans le livre de Robert Bailly "Si la Résistance m'était contée" paru en 1990, page 340, on peut lire que "le 6 mai 1944 une jeune fille anglaise "Nicole" Margaret Snight , est parachutée sur le territoire de Fleury-la-Vallée ce qui fait suite à l'arrivée d'un capitaine anglais surnommé Oscar qui sera le compagnon d'Alain de la Roussilhe..."
Il est en effet difficile de vérifier tous les témoignages et ainsi se glisse-t-il des erreurs bien compréhensibles mais que l'on doit rectifier lorsqu'on obtient les éléments nécessaires.
Déjà dans le livre du capitaine Colson "Le réseau Jean-Marie au combat", page 167, l'auteur cite Margaret Knight (Nicole).
Dans le très sérieux ouvrage paru en 1993 de Jean Yves Boursier "1940-44, la Résistance dans le Jovinien et le groupe Bayard", page 65 à la fin du chapitre sur le S.O.E. on peut lire : "Le S.O.E. envoyait souvent par parachutage des agents accompagnés d'un opérateur radio, avec un code et un nom de code. Dans cette région ce furent les capitaines Landsell, Thomson et Margaret Smith (Nicole)."
Quant au livre de E.H. Cookridge "Mettez l'Europe à feu", publié chez Fayard en 1968, page 289, l'auteur situe le parachutage le 28 avril 1944 :
"Lorsque Henri Frager revint de Londres en France le 15 février 1944, tous les officiers du S.O.E. ayant travaillé avec lui avant son départ - "Hercule", "Bastien", "Elie", "Simone" - avaient été capturés. Le colonel Buckmaster, en renvoyant Frager en France, lui recommanda vivement d'éviter Paris et d'installer son quartier général dans un des camps de maquisards créés dans la région de l'Yonne. C'est pourquoi, dès son arrivée, Frager se rendit à Auxerre, où son adjoint, le colonel Jacques Adam, s'était dépensé sans compter pendant son absence.
Adam lui donna de bonnes nouvelles. Avec l'appui constant de résistants dans les camps de maquisards, au cours du printemps 1944, les réseaux avaient étendu leurs ramifications bien au-delà de leurs limites originelles. L'Yonne, la Brie et l'Aube constituaient depuis longtemps de solides points d'appui pour Frager, qui connaissait personnellement tous les groupes locaux, mais maintenant il y en avait beaucoup d'autres, jusque dans les Ardennes, la Lorraine, la Bourgogne, et même au sud jusqu'en Savoie. Le colonel Adam disposait d'un camp important, groupant plusieurs centaines d'hommes bien armés, dans la forêt d'Othe. De son côté, Frager apportait aussi de bonnes nouvelles, car il put assurer Adam et ses adjoints que l'invasion alliée allait se déclencher dans quelques semaines.
Pour remplacer les officiers capturés, le colonel Buckmaster envoya à Frager un autre agent de liaison, un "pianiste", et un courrier féminin Peggy Knight ("Nicole"). Je tiens à relater rapidement quelques-unes des aventures de cette jeune fille, ne serait-ce que pour montrer que les agents de la "dernière heure", envoyés en 1944, eurent aussi à affronter de graves et constants dangers.
"Nicole" fut parachutée dès le 28 avril 1944 sur un des terrains contrôlés par les réseaux de Frager. Peu après son arrivée, elle s'occupait déjà activement de la réception des parachutages, effectués de plus en plus fréquemment et en quantité croissante ; d'autre part, elle instruisit des recrues nouvellement arrivées, leur apprenant le maniement des armes anglaises ; elle combattit même au cours d'une embuscade tendue à un convoi de camions allemands, et pour la première fois fit le coup de feu à côté de ses camarades. Frager l'envoya à Paris pour porter des messages à certains de ses amis, et elle accomplit plusieurs fois ce dangereux voyage au cours des semaines suivantes. A partir du débarquement allié en Normandie, Peggy ne cessa d'aller à bicyclette de camp en camp, pour alerter les groupes qui peu à peu s'étaient transformés en unités régulières de F.F.I. Elle se trouvait au quartier général de Frager, au château de Petit Ermite, quand il fut encerclé par les Allemands : après avoir participé au combat, elle réussit de justesse à s'échapper avec 30 maquisards et resta plusieurs jours cachée dans les bois. Lorsque les divisions allemandes firent mouvement pour renforcer les défenses de Normandie, les maquisards de lYonne et du Loiret s'efforcèrent de les harceler, et Peggy prit part à un engagement sur la route de Joigny à Montargis : il eut pour résultat la reddition du convoi allemand, la capture de nombreux véhicules, et la prise d'une importante quantité d'armes, de munitions et de vivres. Pendant les semaines qui précédèrent la Libération, Peggy servit d'agent de liaison entre les unités F.F.I. du colonel Adam et les troupes britanniques parachutées au sud de Paris, ainsi que les forces cuirassées américaines. Il lui arriva à plusieurs reprises de traverser les lignes ennemies, et deux fois elle fut arrêtée par des patrouilles allemandes, mais les officiers qui l'interrogèrent ne soupçonnèrent jamais que cette frêle jeune fille pouvait être une espionne. Elle expliqua entre autres à un de ses interrogateurs qu'elle était à la recherche d'un dentiste, car elle souffrait d'une terrible rage de dents. L'Allemand, très étonné qu'une jeune fille eût l'audace de traverser la ligne de feu uniquement pour se faire soigner une dent, lui donna de l'aspirine avec une tasse de café et la laissa partir. C'est ainsi que Peggy put remarquer les différentes unités ennemies occupant la région et donner ensuite le renseignement à ses chefs. Bref, en quatre mois de service en campagne, Peggy fit preuve de tant de courage et rendit de si grands services qu'elle mérita d'être décorée par les Français, par les Américains et par les Anglais."
Tous parlent de "Nicole" et "Margaret", l'un ajoutant "Peggy" mais le nom varie de Knight à Snight en passant par Smith et les dates varient entre avril et mai 1944. Il semble évident que tous parlent de la même personne et du même parachutage mais seule la documentation de Mary Lallemant permet de trancher à défaut de la principale intéressée que nous aurions aimé rencontrer si le travail de recherches historiques n'était pas aussi lent et complexe.

1. En réalité Margaret Knight.











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j'ai lu avec intéret l'article sur MARGUERITE kNIGHT"NICOLE" de Thierry Roblin mais il serait bon de le compléter avec mon article "parachutage du 4 mai 1944"à lire sur mon site familial dans"résistance en bourgogne"http://harpet.free.fr et contacter Mary Lallemant 25 rue Voltaire 10000 TROYES tel 25 79 35 92 qui est "Aigle Blanc" de la Résistance C'est bien vers Marcenay que se situe le parachutage vers les maquis Tabou , aigle blanc et s "casse cou"sur le territoire de Poinçon les larrey.A suivre.amicalement votre

bonsoir M Roblin je vais compléter mon article sur ce parachutage en mettant 4 ou 5 mai ,seulement le lieu est certain c'est vers Marcenay au dessus de Poinçon et Larrey pays de mon enfance qu'il a eu lieu. et non pas vers Dijon.Elle a retenu Marcenay où était le QG local du Réseau avec Mme Moeller la Numero 2 de l'organisation locale de Jean Marie Action Réseau Buckmaster.Je passe l'article à celui qui l'a accueilli :Mary Lallemant de Troyes actuellement car retraité mais il habitait Poinçon les Larrey .Il ne m'avait pas parlé de Casse Cou récemment décédé pôur cette réception de parachutage donc je n'en ai pas parlé à Casse cou lors de mes entrevues amicales avec ce dernier qui était un proche de ma famille .Je mets à jour mon site en modifiant selon les recherches permanentes .j(ai mis 30 pour résoudre l'énigme du TABOU avec le fils de l'aviateur James Mc Grew venu en juillet avec sa famille nous remercier comme vous le verrez sur le site A+vHARPET DE lYON qui vous salue bien amicalement

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Bonsoir M Harpey,

Merci pour vos précisions et j'enrage de ne pas avoir lu votre page sur le parachutage du 4 au 5 mai 1944. Cela m'aurait éviter de faire une erreur sur Marcenay. A l'ARORY, nous étions pourtant tous persuadés qu'il s'agissait de Marsannay. Comme quoi il faut tjrs vérifier et vérifier. J'aurai pu également identifier le groupe de Casse Cou et évoquer l'antenne du réseau Jean-Marie dans le Châtillonnais. Le témoignage de M Lallemant aurait très précieux pour le confronter avec le rapport de Nicole. Si j'ai bien compris, les résistants attendaient des armes d'où leur surprise à la reception de Nicole et l'accueil assez froid du groupe de Casse Cou. Mais cela qd même surprenant,normalement le responsable local de la réception était informé lorsqu'un agent du SOE était parachuté... Au dernière nouvelles Nicole qui est née en 1920 à Paris d'un père anglais et d'une mère polonaise vivrait au Canada ss le nom de Smith. Janet Marsden fille de l'aviateur Jack Masden est sur ses traces... pas évident lorsque l'on s'appelle Smith !

Cordialement

T. Roblin












Aigle Blanc

 

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